Alors que les deux premières pièces de sa trilogie exploraient les origines algériennes de l’auteur et metteur en scène Nasser Djemaï, Héritiers s’installe dans le décor réaliste et vieillot d’une demeure bourgeoise à la française. Cette maison, qui recèle des souvenirs dans chaque tiroir et commence à grincer de toutes parts, est même le personnage principal qui relie tous les protagonistes de cette fresque familiale. Il y a celle qui a hérité et qui tente de maintenir tout à la fois la famille et la maison à flots, celui qui a tout claqué et vient chercher refuge, celui à qui on cache les difficultés…

Pendant que chacun essaie de composer avec cette petite communauté, le frigo est de plus en plus vide et les fissures qui craquèlent les murs de plus en plus profondes. On sait bien que l’on assiste à la fin d’un monde, que cette belle demeure que tous aiment tant n’existe déjà plus vraiment. Réel et imaginaire s’entrelacent pour évoquer ce temps hors du temps où il faudrait inventer un futur. Et ce n’est sûrement pas un hasard si la maison est au bord d’un lac et d’une cerisaie, délicat hommage à Tchekhov.

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