Caresser son chien, meilleur ami de l’homme, tout en se délectant de la cuisse d’une malheureuse volaille élevée en batterie. S’émerveiller des vocalises de son canari en se prélassant sur le cuir d’une vachette qui n’aura que peu connu les prés… L’humain moderne n’est pas à une contradiction près dans son rapport avec l’animal, qu’il sauve et idéalise d’un côté, pour mieux l’anéantir de l’autre. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, puisque les historiens ont retrouvé la trace d’incroyables procès, avec leurs juges, procureurs et même des avocats, sommant vaches, poulets ou chiens d’expliquer leurs agissements ! Les animaux, créatures divines au même titre que les hommes, étaient alors jugés responsables de leurs actes, comme ce perroquet, guillotiné pendant la Révolution pour avoir crié “Vive le roi !”.

Usant d’un art de la marionnette aussi virtuose que saisissant et de stratagèmes inspirés du théâtre d’objets, Alexandre Haslé nous invite dans la grande basse-cour de la création en compagnie de nos amis vertébrés et invertébrés. Il nous tend alors un miroir sans concession mais plein d’humour sur notre relation ambiguë avec le règne animal.